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  • Photo du rédacteuremelineburnotte7

Manifestation Still standing for culture #2

Samedi dernier, go pour la manifestation Still standing for culture #2.


J'y étais déjà en juin. Certains s'étaient même interrogés : "mais tu n'as pas le statut d'artiste et tu y vas ?". Oui, je suis solidaire, et puis le problème actuellement, c'est quand même aussi plus largement la place laissée à la culture dans notre société (pas encore de réouverture des salles, non plus, à l'époque). En juin, ça avait été un moment fort, chaleureux, qui m'avait donné beaucoup d'énergie. Il faisait chaud (trop chaud), on était une petite centaine à Namur (il y avait des manifestations sur tout le territoire). On a exercé notre art tous ensemble puis on s'est immobilisés pendant 15min, pour représenter l'immobilisme dans lequel la culture était laissée. A l'époque, j'avais déjà pu recommencer à ouvrir mes choeurs, et tout comme le temps ce jour-là, tout sembler indiquer le retour des jours meilleurs. Et on espérait être entendus.


Samedi, c'était plus compliqué. Contexte très différent : nous vivons dans un monde où les magasins sont réouverts depuis presque 2 mois... et où aucun signal positif n'est donné à mon secteur (je me concentrerai sur ce que je connais, càd la culture, mais tout mon soutien va bien sûr à mes collègues de l'horeca, des métiers de contact et du sport).

Il fait froid. Il neige, il fait humide.

J'y vais en train, avec un ami proche. Le train est fort rempli, un des contrôleurs touche tous les tickets sans se désinfecter les mains. Pas de distanciation. Dans un wagon comme ça, en chant choral "covid", je peux mettre 3-4 choristes. Et encore, si je le fais actuellement, je suis considérée comme étant une dangereuse criminelle. Mais là, il y a plusieurs de dizaines de personnes. Et c'est normal.

Arrivée à Bruxelles, du monde dans les rues, de la file devant certains magasins.

Arrivée sur la place de la Monnaie. A deux pas, il y a la rue Neuve, apparemment bondée. Et devant la Monnaie, 100 chaises qui sont en train d'être placées pour une manifestation pour la culture. Alors qu'on est entourés de tous ces magasins ouverts. On s'est assis et a attendu le début de la manifestation. Elle début en retard, car d'après les organisateurs, on ne les a pas aidés, évidemment, et les diffusions en live ne fonctionnent pas. Sans cesse, des personnes en gilets oranges passent parmi les manifestants et rappellent les règles de sécurité.

La manif commence, on crie. On se connecte, et ça donne de la force, on se sent moins seuls, on se dit qu'on va peut-être pouvoir changer les choses. On se dit qu'on existe encore. Puis un premier artiste prend la parole. "Pourquoi ne pas partager le poids de la prise ? Fermer des grandes enseignes deux semaines pour ouvrir les théâtres et salles de cinéma ? Et alterner ?" C'est vrai ça... pourquoi pas ? Et d'enchaîner que ce n'est pas un spectacle. Les spectacles sont interdits.

Puis, les artistes se succèdent : danse, poème, slam, trompette, ... Et au fur et à mesure, mes cris, entre leurs représentations, se teintent de colère. Je ressens tellement de détresse, d'incompréhension, d'injustice, de douleur, de détresse autour de moi. Je me sens touchée au plus profond de mon âme, je me sens révoltée, dégoutée. Et il n'y a pas que la culture qui est là, une sage femme a courageusement pris la parole pour nous soutenir au nom d'un collectif médical. Et tout a l'air si évident : il faut lutter contre la pauvreté intellectuelle, la dépression, entretenir les esprits. Il faut repenser au statut des artistes. Il faut permettre au secteur de réouvrir ou au moins lui donner un calendrier. Il y a des possibilités. Pourquoi nous nie-t-on ainsi ?

La manifestation s'est terminée par une minute de silence. Un mec bourré s'est mis à crier. Puis des passants, qui allaient sûrement faire les magasins tranquillement, nous ont crié que les rassemblements étaient interdits.

Fin de la manifestation, on nous demande de nous éparpiller très vite. Je repars avec mon ami, 1000 sentiments à l'intérieur. Colère, tristesse, incompréhension.

Il fait froid. Trop froid....



Vendredi, je vois passer les articles du Canard Enchaîné qui expliquent que les salles de concert sont restées ouvertes dans plusieurs pays, et qu'aucun cluster n'a pu être observé. AUCUN.


Samedi, j'apprends en rentrant de la manifestation qu'un arrêté ministériel passé en furte prolonge les mesures actuelles jusqu'à mars. Aucune communication n'a été faite à la population à ce sujet.


Dimanche, je remarque que certains partis de la majorité ont partagé des publications sur Still Standing For Culture, en manifestant du soutien pour le secteur. Quelle indécence.


Ce matin, mon frère m'envoie un selfie avec le premier ministre lors de la réception du nouvel an de son parti, avec un groupe de musique qui joue en arrière plan.



Je suis révoltée, je suis triste, j'en ai marre, je ne comprends pas.


Merci de m'avoir lue, j'avais besoin de l'écrire. Merci à tous ceux qui se battent pour faire changer les choses.


Je ne demande pas une réouverture simple et sans mesure. Je demande de la cohérence, de la reconnaissance, de la dignité, du respect envers les 200 000 travailleurs de la culture, oubliés depuis des mois.




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